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Que mange les Lushois?

Il ne s’agit pas de se demander de quel type de repas se régalent les habitants de la seconde ville de la R.D.Congo. Il me semble avoir déjà informé mes lecteurs de ce que le fameux Bukari est l’aliment préféré des lushois.
Ma question se réfère plutôt à l’origine de ce que nous mangeons. D’où vient la farine dont se servent les ménagères pour préparer leur bukari? Et les poissons dont on se sert comme accompagnement? Et les épices qui assaisonnent ces poissons?
Au cours des decennies précédentes il était à peu près clair que les lushois mangeaient majoritairement les produits locaux. La farine était achetée sur place ou dans d’autres contrées du Katanga. Seule une petite minorité d’aliments importés finissait sur la table d’un citoyen ordinaire.
De nos jours il se dégage un constat sans appel: » au moins la moitié de ce qui se mange ici vient de l’étranger ».( ce n’est qu’une estimation de ma part sur base de ce que j’ai fait comme observation.)
Que s’est-il donc passé entre temps? Les lushois sont-ils devenus réfractaires au métier d’agriculteur? Les récoltes ont-elles baissés suite à la mauvaise qualité des sols?
Non. Rien de tout cela ne peut l’expliquer si l’on en juge par les effets du »boom minier », d’une part, et la spéculation foncière, d’autre part.

Ouvriers rwandais dans une mine en 1920-wikipedia.org
Ouvriers rwandais dans une mine en 1920-wikipedia.org

Au début des années 2000 le gouvernement de la R.D.Congo tirait toutes les conséquences de l’impossibilité de relancer  la Gécamines. Cette compagnie d’Etat était propriétaire de toutes les mines de cuivre et de cobalt du katanga. Cela faisait deux décennies au moins que rien ne marchait plus. L’unique alternative à la Gécamines était la libéralisation des activités minières. Concrètement il s’était agit de mettre fin au monopole d’Etat en cette matière.

C’était le debut de ce qui est décrit comme « boom minier »: des milliers d’hectares de terre très rapidement transformés en carrés miniers. Par conséquent, des dizaines de villages carrement déplacés et des nombreux champs rasés par des bulldozers.
Je pense ne pas avoir besoin d’en dire plus pour vous faire comprendre en quoi l’activité minière a été l’une des causes de la baisse de la poduction agricole locale.
La spéculation foncière a été autant néfaste! Des petits agriculteurs ont été obligés de mettre fin à leurs activités au motif que leurs terres étaient la propriété d’un certain Monsieur X. D’autres se sont vus déguerpis de leurs champs car l’Etat avait décidé de créer des nouveaux lotissements.
D’après les avis récueillis ça et là à travers les médias, cette spéculation foncière est aussi la résultante du récent phénomène d’accaparement des terres. C’est avec étonnement qu’on découvre des larges terrains entourés de fils barbelés et dont les propriétaires viennent de l’autre bout du monde( Épargnez-moi l’obligation de vous révéler leurs nationalités.)
Vivement le jour où on en viendra à nouveau à manger nos produits locaux.

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Auteur·e

gaylussac

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