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Mondoblogueur des cybercafés

Mieux que quiconque il sait que n’est pas mondoblogueur qui veut. Si l’on cherche à en être un, l’examen de passage nécessite un minimum de talent d’écriture et une motivation clairement en rapport avec les objectifs de la plate-forme des blogs francophones.

Notre homme n’est pas peu fier d’être l’un des 600 « élus ». Quelques temps plus tôt il était auteur d’un blog anonyme qui battait des records d’impopularité: environ 3 visiteurs uniques venaient y faire un tour chaque semaine. Autant dire que c’est un blogueur largement satisfait du travail qui est le sien maintenant.

« Quand je pense qu’un de mes articles peut avoir était lu par un haut fonctionnaire de l’ONU ou une autre personnalité du genre », songe-t-il de temps en temps.

C’est un samedi de grâce matinée. Notre mondoblogueur doit se rendre dans un cybercafé. À domicile il n’a ni ordinateur ni tablette. Pour lui le blogging consiste donc en un déplacement entre la maison et le centre-ville.

Le transport en lui-même n’est pas aisé comme peut le témoigner cet article.

À la réception de « Top 5 cybercafé » une jeune femme lui remet, en échange de 1500 francs congolais, un code correspondant à 60 minutes de temps de connexion. Lequel code qu’il s’évertue à insérer dans une des machines mises à la disposition de la clientèle. Il a hâte de publier un billet qu’il a mis 3 jours à rédiger sur papier. Et il est prêt à parier que l’équipe des modérateurs de Mondoblog va aussitôt le placer en une. Le sujet abordé dans ce texte le lui laisse penser.

« Mince, maugrée-t-il. Je viens de laisser ce fichu papier sur mon lit ».

C’est d’autant plus dommage qu’il ne peut pas rentrer à la maison puis revenir devant la machine. Sinon il perd ses 1500 francs et ses 60 minutes de temps de connexion. Il va devoir improviser un nouveau texte à propos du même sujet. Quitte à faire des grossières fautes de syntaxe. Par ailleurs l’ambiance qui règne dans ce lieu n’ y est pas vraiment propice : un homme qui parle indiscrètement au téléphone, un autre qui fait des va-et-viens d’un pas sonore, deux jeunettes qui s’excitent à la vue des photos dérobées sur les réseaux sociaux…

Cela va lui prendre cinq ou six minutes pour se connecter à l’adresse https://mondoblog.org. Ô il n’est pas le premier et certainement pas le dernier à se plaindre de ce que la vitesse de connexion est trop lente au sud du Sahara. Qu’a cela ne tienne il se met à rédiger son texte…

Puis, patatras! Une coupure d’électricité intervient peu après. Puisque la maison n’a pas de groupe électrogène de secours, il faut récupérer son argent et aller voir ailleurs.

Voici notre mondoblogueur dans un autre cybercafé où il n’y a que 2 machines. La patience y est de rigueur car 3 personnes venues avant attendent chacun son tour. Au terme d’une attente qui a duré le temps d’un épisode de la série « 24Heures », il doit envisager à nouveau d’aller voir ailleurs.

La mi-journée arrive et le fameux article n’est toujours pas publié. Dépité, le mondoblogueur décide de rentrer à la maison. Mais sa motivation reste intacte.

« Je ferais mieux d’économiser pour me payer un ordinateur, se dit-il. Si cela doit me coûter les yeux de la tête, j’y consentirais. »

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gaylussac

Commentaires

Fotso Fonkam
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Wow! J'avoue que je suis soufflé par ce texte qui décrit bien la réalité de beaucoup d'entre nous. L'accès à internet est encore un combat de nos jours, et les ordinateurs ne sont pas aussi vulgaires qu'on pourrait le croire. Bloguer sur papier et aller au cybercafé pour poster son texte! Ça il faut le faire. En tout cas bravo à ces blogueurs qui bravent tous ces obstacles juste par passion.

Beau texte comme toujours, cher Guy.

Guy Muyembe
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Ah! oui! La passion permet d passer outre beaucoup d'obstacles

Didier Makal
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Hum! J'ai peut-être été un de ces malchanceux blogueurs! C'était juste avant que mon boulot ne m'accorde une connexion permanente sur un fixe. Mais parfois c'est drôlement lent que je vais voir ailleurs. Ailleurs? Puis ailleurs, et ailleurs encore: c'est arrivé un jour. Voilà comment j'ai appris à ne pas perdre de temps dans un cybercafé, des plus lents et plus chers pourtant: je tapais mon texte at home, avec la petite grâce d'avoir obtenu un vieux truc comme PC pintium 2, 3? J'ai oublié, parce qu'aujourd'hui j'ai obtenu un autre. Au cycbercafé, j'arrive avec un texte pad (prêt-à-être-diffusé) comme on le dit dans l'audiovisuel.

Guy, dis donc à ce mondoblogueur qui ne doit pas se décourager, qu'il a la chance de profiter de la vitesse d'internet Fibre optique et de la REVOLUTION DE LA MODERNITE. On ne se plaint pas!

Guy Muyembe
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Ah! la fibre optique. Celle dont on n'a jamis vu les couleurs.Inaugurée avec pompe elle est restée bloquée quelque part entre l'océan Atlantique et la ville de Moanda.Vivement qu'on ne nous en parle plus jamais.

ghide
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cool le billet

Guy Muyembe
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salut au plaisir de vous revoir ☺

Jean-Chrysostome Tshibanda
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J'ai dégusté avec beaucoup de plaisir ce savoureux plat. Les mésaventures de notre blogueur dans les cyber me rappellent les descriptions qu'un grand auteur français faisait de certains personnages. Qui est-ce ? Boileau ou La Bruyère ?

Guy Muyembe
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ça était un plaisir de partager avec vous ce plat.

Mahmoud
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LooooooLLLLLLLLLLL, j'ai beaucoup adoré l'article, et j'avoue que tu connaisse bien les mondobloguer. Oui, on ne peut pas être fiers, d'être l'un des 600, mondoblogueu(se)rs, si non nous devons être fiers de nos comptes facebook, et twitter ;) merci pour l'éclairage

Mahmoud
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LooooooLLLLLLLLLLL, j'ai beaucoup adoré l'article, et j'avoue que tu connaisses bien les mondobloguer. Oui, on ne peut pas être fiers, d'être l'un des 600, mondoblogueu(se)rs, si non nous devons être fiers de nos comptes facebook, et twitter ;) merci pour l'éclairage.

Guy Muyembe
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Alors, vive mondoblog!Longue vie à ce projet!

Ivo Dicarlo
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Bienvenue dans la triste réalité des acteurs web 2.0 d'Afrique subsaharienne.... Manque de dotation en matériels adaptés, connexion internet faible ou voir même inexistence, délestages récurant voici les Grosses galères et les casse-têtes chinoise du mondoblogeurs subsaharienne. En attendant, que les poules puissent avoir des dents, continue de vivre péniblement et misérablement notre passion: le blogging.

Guy Muyembe
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Ah! ton constat est sans appel.