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Corruption : six occasions de chute

Pour avoir suivi le mois dernier l’émission Eco d’Ici Eco d’Ailleurs je sais que beaucoup d’auteurs ne sont pas d’accord quant à la définition du mot «corruption». Néanmoins, on peut l’appréhender à travers quelques problèmes qu’elle pose :
problème économique : la corruption empêche les États de réaliser des performances en la matière (bien que certains États corrompus ont des taux de croissance assez élevés).
problème moral: elle amène des pans entiers de la société à bafouer les principes moraux les plus élémentaires (de la bière vendue aux enfants, des jeunes filles encouragées ou forcées à se prostituer…).
problème civique: la corruption étouffe tout sentiment patriotique et tout sens du devoir du citoyen (joueur de foot qui fait perdre volontairement un match à l’équipe nationale, militaire qui pactise avec l’ennemi étranger…).
Une fois qu’on a compris ça, il reste à savoir comment s’empêcher de jouer le rôle du corrupteur ou du corrompu. Ce qui n’est pas gagné.

Flickr.com
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La corruption c’est un cancer qui aura pris le temps de métastase : verticalement on a le sommet et la base de la société qui en sont infectés. Horizontalement on a l’ensemble des aspects de la vie (économie, éducation, culture…) qui en souffre.
Dans un pays comme le mien, il ne faut pas se croire trop vertueux pour être concerné par la corruption. Voici donc 6 occasions de chute qui font de chacun de nous un potentiel corrupteur ou corrompu :

1.À l’occasion de rien : que doit-on faire si on veut vivre en paix dans un pays où les tracasseries administratives et policières sont monnaie courante? On se paie un protecteur parmi l’élite des forces armées ou des politiciens. Dans ce cas on peut être sûr de ne pas être dérangé au sortir du hall d’un aéroport ou au passage à son domicile d’une délégation des contrôleurs fiscaux. En prime, on sera dispensé de l’obligation de répondre de certains délits plus ou moins graves (brûler un feu rouge, se rendre coupable de coups et blessures, injure publique…)
2.À l’occasion d’un séjour au commissariat : peut-on quitter le commissariat de police sans glisser un billet de banque ici et là? Rien n’est moins sûr. Ce n’est pas une question d’être coupable ou non. Aller au commissariat est comme se jeter dans une piscine. Difficile d’en sortir sans se mouiller. A priori il n’y a pas corruption lorsqu’on a acheté un paquet de cigarettes au policier de garde. Mais cet acte peut générer le même effet qu’un acte de corruption classique : celui qui reçoit devient l’obligé de celui qui donne.

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3.À l’occasion d’un rendez-vous : quand on a rendez-vous chez un médecin ou chez un banquier, on se heurte parfois aux files d’attente. Grande est la tentation de soudoyer le portier afin de pouvoir être reçu le plus tôt possible, car franchement on n’a pas que ça à faire et on veut gagner le temps. Et puis rien ne dit que si on ne le fait un autre ne le fera pas.
4.À l’occasion d’une offre d’emploi : plus que quiconque on est conscient de la difficulté d’obtenir un emploi. Pour un emploi offert, il y a le plus souvent plusieurs centaines de candidats. Tandis que la concurrence s’annonce rude, il peut être conseillé par des recruteurs véreux de graisser la patte pour se voir confier le poste. D’après moi on a plus de chance de suivre ce conseil que de le rejeter.

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5.À l’occasion d’une verbalisation : on a beau être exempt de reproches sur une voie publique, l’agent de police trouvera toujours la petite bête qui vaudra un procès-verbal et pourquoi pas la saisie des clés de contact. Habitué de ce type de tracasserie, on se dira qu’il vaut mieux « dire bonjour »* à Monsieur l’agent.
6.À l’occasion d’un échec scolaire : on a tellement souffert pour réunir l’argent nécessaire au paiement des frais d’étude. Pour rien au monde on n’accepterait un échec scolaire. D’où le  consentement quand un prof exige un certain montant en échange de la mention « a réussi ».

Ce sont là six occasions de chute. Mais la liste n’est pas exhaustive.

(*) : action de donner l’argent en simulant une poignée de main.

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Auteur·e

gaylussac

Commentaires

mandanye
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C'est un fléau tellement grave. Comme une maladie sans remède