Guy Muyembe

Un mondoblogueur, un article ( deuxième partie)

J’ai fait exprès de réserver tout un article aux blogueuses béninoise Lucrece Gandigbe et malgache Sophie Bella. Car contrairement aux 3 trois blogueurs cités précédemment, l’ entrevue que j’ai eu avec chacune d’elle s’est passé par correspondance.

Comment? me demanderez-vous. Certes on a passé une semaine ensemble à Dakar, mais pour autant on n’avait que peu de temps de se voir en privé pour discuter de ce qui n’avait rien à voir avec la formation Mondoblog.

À propos je dirais que j’ai été tellement ravi de discuter avec la guinéenne Diérétou Diallo et le camerounais Ecclesiaste Deudjui. Je crois que j’aurais pu passer toute une journée à discuter avec Diérétou sans problème n’eut été l’obligation qui nous étais faite d’assister à toutes les séances de la formation. En effet j’ai eu le sentiment de côtoyer une personne passionnée et surtout motivé qui sait donner envie de faire la même chose qu’elle. Et je n’ai pas été déçu de la discussion que j’ai eu avec Ecclesiaste Deudjui. Comme je m’en doutais, le camerounais est un véritable tribun. Pendant une dizaine de minutes j’ai été suspendu à ses lèvres tel un disciple face à un esprit brillant.

Certes cela n’a pas été facile d’aborder l’haitien Eliphen Jean. Mais je ne bouderai pas mon plaisir d’avoir pu échanger avec lui.

Ceci dit voici  ce qui en est ressorti des échanges épistolaires entre Lucrece Gadingbe et moi à propos de son article « 10 objets connectés dont je ne me servirais jamais ». Dans cet article la geek béninoise exprime son mépris quand l’innovation technologique déborde le cadre des réels besoins de la  société et empiète sur nos subtilités d’êtres humains.
Pour l’anecdote c’est elle qui a demandé que l’entrevue se passe via un questionnaire. Cela m’a un peu dessus car je voulais mesurer le degré de passion qu’elle met dans ses écrits. Mais j’ai été ravi le jour où, alors que je m’attendais à ne plus avoir de suite, elle m’a envoyé un bout de papier sur lequel été rédigées ses réponses à mes questions.

Moi: comment en es-tu arrivé à faire cette sélection d’objets connectés? Tu as été inspiré par un autre article du genre? Tu as assisté à un événement où l’on a présenté toutes ces innovations?

Lucrece: j’ai été inspirée par un article lu dans un magazine en ligne.

Moi: en as-tu discuté avec une personne de ton entourage bien avant la publication?

Lucrece: j’ai rédigé cet article sans jamais avoir consulté une seule personne.

Moi: quelques mois après dirais-tu toujours jamais à cette liste de 10 innovations?

Lucrece: oui, mon opinion sur le sujet n’a pas évolué entre temps. Je n’ai rien contre ces 10 objets connectés cependant je les trouve assez inutiles.

Moi: comment reagirais-tu face à une personne qui s’en sert maintenant?

Lucrece: mon article n’est pas fait pour inciter les gens à ne pas s’en servir. Par conséquent je resterais indifférente si jamais je croise une personne utilisant l’une ou l’autre de ces choses.

Par ailleurs j’ai dû, de mon propre chef, adresser une série de questions  à la féministe malgache Sophie Bella concernant son article « Qui aime bien châtie bien ». C’est que la blogueuse était devenue insaisissable: soit elle était parti flâner dans les rues de Dakar ou à Gorée soit elle se reposait alors que moi je faisais le noctambule dakarois. J’ai donc fais ce que je pouvais avant qu’il ne soit trop tard.

Moi: Comment est venue l’idée de l’article ? Un film ? un autre article ?

Sophie: l’idée d’écrire un article sur le sujet m’est venue à l’esprit depuis un moment déjà, étant donné le comportement des jeunes actuellement qui méritent une bonne correction. Cependant, ce qui m’a enfin poussée à passer à l’action était un article sur LeMonde.fr dans lequel l’auteur dit que la France a été condamnée par le Conseil de l’Europe parce qu’elle n’interdisait pas de battre les enfants.

Moi: est-ce que tu es toujours pour les punitions corporelles infligées aux enfants ?

Sophie: je suis pour les punitions corporelles quand le dialogue ne marche pas avec eux. Il y a des enfants à qui on peut parler calmement, et ceux à qui il faut mettre un peu d’action avec la parole pour qu’ils suivent le droit chemin. De préférence, je préfère ne pas en arriver là ; mais je ne veux pas non plus que mon enfant devienne un petit voyou par manque de correction.
De plus, à Madagascar, il y a un dicton qui dit que si tu aimes ton enfant, tu ne lui épargnes pas les fouets. C’est un peu l’équivalent du proverbe français : « qui aime bien, châtie bien » que j’ai repris comme titre de mon billet.
Moi:bats-tu tes propres enfants ?

Sophie:je n’ai pas d’enfants pour l’instant. Mais si dans le futur j’aurai la chance d’en avoir, je laisserai le soin à leur père de leur donner de petites fessées de temps à autre si c’est nécessaire. La maman est censée consoler.

Dans le troisième épisode de la série « Un mondoblogueur, un article » je traiterais de questions que j’ai posé au plus congolais des blogueurs burundais Alain Amrah Horutanga pour son article « Là où le père noël ne passera pas« .


Un mondoblogueur, un article (Première partie)

Depuis mon arrivée sur la plateforme Mondoblog Il est de ces articles qui m’ont marqué. J’ai donc profité de mon dernier séjour à Dakar pour avoir un entrevue avec chacun(e) des blogueurs concernés.
1. »Tu ne me battras plus » de la blogueuse guinéenne Diérétou Diallo.
Dans cet article la militante « entêtée » se met dans la peau d’une femme battue. Ce qui a ému nombre de lecteurs.
Moi: Comment est venue l’idée de cet article? Un film vu à la télé? Témoin d’un événement du genre?
Diérétou: C’est article m’est venu spontanément. Il n’ya rien avoir avec un quelconque événement de ma vie. Personnellement je n’ai jamais été battue.
Moi: Penses-tu que c’est ton meilleur article?
Diérétou: Non je ne pense pas. Et toi qu’en penses-tu?
Moi: Je crois que c’est l’article de ton blog dont je me souviendrais des années plus tard. Ceci étant est-ce que tu te dévoiles dans tes articles? Peut-on saisir ta personnalité au travers de tes articles?
Diérétou: oui. Je me dévoile car mon blog est un espace personnel à mon avis. J’y écrit au grès de mes aspirations et de mes émotions.
Moi: Quelle est la part du blogging dans ton combat pour le féminisme?
Diérétou: le blog représente un outil par lequel je capitalise. Le blog est plus qu’un outil, c’est une arme.

2.Camerounaises, camerounais: n’ayez plus peur de Ecclesiaste Deudjui
Dans cet article, la star de la blogosphère camerounaise invite ses concitoyens à prendre conscience de ce qu’ils sont réellement nonobstant la pauvreté. J’avoue que j’ai versé une larme en lisant cet article.
Moi: comment en es-tu venu à écrire cet article?
Ecclesiaste: tout est parti du constat selon lequel les camerounais sont impressionnés outre mesure par le paraître que l’être. Il suffit de dire « je travaille à la banque », « je suis allé en Europe » ou « je suis le fils d’un tel » pour, aussitôt, te faire craindre. À travers mon article j’ai voulu inviter mes concitoyens à changer d’état d’esprit.
Moi: et qu’elle leçon morale doit-on tirer après lecture de cet article?
Ecclesiaste: on peut être d’une apparence moins intéressante mais être une personne d’une grande valeur.
Moi: est-ce que Ecclesiaste Deudjui se dévoile dans son blog?
Ecclesiaste: évidemment. Il n’y a pas de différence entre la personne qui publie sur mon blog et le jeune homme que je suis dans la vraie vie.

3. Haïti est africaine de Eliphen Jean.
Dans cet article, le jeune poète haïtien revendiquait les racines profondément africaines de son île natale.
Moi: qu’est ce qui a été à l’origine de cet article?
Eliphen: j’ai voulu montrer au monde que Haïti est un pan de l’Afrique.
Moi: par quoi remarque-t-on le côté africain de cette île des Caraïbes?
Éliphen: à travers la culture. Je donnerais l’exemple de la religion Vaudou dont on sait avec certitude qu’elle vient d’Afrique. Je donnerais l’exemple du créole qui est en partie d’origine africaine. Pour moi Haïti fait partie de l’Afrique.
Moi: combien de temps cela t’a pris pour écrire cet article?
Eliphen: moins d’une journée.

PS: dans le prochain billet je donnerais le compte rendu des échanges que j’ai eu avec la béninoise Lucrece Ngandjibe et la malgache Sophie Bella.


Le buzz de la formation Mondoblog 2015

Tant d’événements, de personnages et de lieux ont alimenté les
conversations au cours de la formation Mondoblog baptisée « Dakar 2015 ».

Côté événements on a longuement parlé du périple de certains mondoblogueurs entre leurs pays et le Sénégal. Hein! Tu as beau vivre en Afrique mais pour autant tu n’as pas droit à une liaison directe entre deux métropoles.

La palme du plus long périple reviendrait à l’angolais Steaves Mahum. L’homme à tout simplement « dessiner une mini carte de l’Afrique » en un voyage aller-retour entre Luanda et Dakar.

Mais deux événements ont plus fait parler d’eux-même et l’on comprend
pourquoi : c’est le dîné d’un certain dimanche 29 Novembre et la soirée d’au
revoir ayant eu lieu au restaurant « la calebasse ». Il se trouve que que le
fameux dîné n’était ni savoureux ni appétissant et nombre des blogueurs ne
voudraient pas s’en souvenir. La soirée d’au revoir à de son côté annoncé
ses couleurs par la voix de Ziaad Malouf, l’un dès formateurs. Ce qui a
bien sûr tenu en haleine toute une communauté désireuse de voir venir le
« jour J ».

Dans cette revue du buzz spéciale Dakar 2015 n’oublions pas de citer entre
autre événements la visite de l’île de Gorée, la nostalgie qui a prévalu
lors de la séparation et la panne technique qu’à connu un bus de la
Senecartour ( société chargée du transport des participants) lors d’un
trajet entre le siège de l’Agence universitaire de la francophonie et
l’Espace Auberge Thially (lieu d’hébergement).

Ambiance studieuse dans la salle Léopold Sédar Denghor
Ambiance studieuse dans la salle Léopold Sédar Denghor

Ceci dit voyons quels ont été les personnages marquants de la formation
Mondoblog 2015. Forcément nous avons tous été marqués par la personnalité
du taxi dakarois plus enclin à parler Wolof même avec des étrangers qu’à
manier correctement la belle langue de Molière. En revanche nous n’avons
pas eu de problème de communication avec nos 4 formateurs et à leur tête
Ziaad Malouf. Pour qui n’a jamais connu ce dernier qu’à travers le son de
la radio, il était difficile de l’imaginer aussi bon vivant et aussi drôle.

D’autres personnages ont aussi fait parler d’eux dont le blogueur togolais
Roger Mawulolo à qui revenait le beau rôle d’organisateur de la soirée d’au
revoir. Il faut dire que personnellement j’imaginais avoir affaire à un
intello prisonnier du monde d’utopie qu’il s’est créé. J’ai été ravi de
côtoyer un gars plutôt gai. Et le blogueur algérien Abdelkrim Mekfouldji, un
gaillard toujours bien dans sa peau. Sa voix aiguë et tonitruante à
toujours compenser quelques problèmes des enceintes acoustiques de la salle
de conférence de l’AUF (Agence Universitaire de la Francophonie).

Enfin comme lieu marquant de la formation Mondoblog 2015 chacun pensé
aussitôt à l’île de Gorée et au monument dit « de la renaissance africaine ».
Je pense que cette palme revient plutôt à un bar appelé « la congolaise ».
Je me garde d’en donner les raisons car, voyez-vous, ce qui se passe chez
la congolaise reste chez la congolaise.


Quand un journaliste congolais se fait harceler sur Twitter

Credit photo: pixabay.com

En R.D.Congo, le récent arrêt de la cour constitutionnel obligeant La CENI (commission nationale électorale indépendante) à revoir le calendrier électorale a fait couler encre et salive. Certains y ont vu une manœuvre dilatoire du régime de Joseph Kabila.
Sur son compte Twitter, le correspondant de la RFI ( Radio France Internationale) à Kinshasa a révélé que deux des juges de cette cour étaient absents lors de la publication de l’arrêt controversé.

Mais un certain Monsieur Michael Sakombi n’a clairement pas apprécié le contenu du Tweet et a aussitôt réagit:

 

 

 

Bref la préoccupation de Michael Sakombi résidait dans le fait que le journaliste aurait omis de mettre un point d’interrogation à la fin du Tweet:    

Grâce à cet échange par réseau social interposé on peut se rendre compte de la difficulté qu’ont les hommes des médias à faire leur travail. Sachant qu’une accusation fallacieuse comme celle du Monsieur, ci-haut cité, peuvent valoir des vrais ennuis aux Kamanda wa Kamanda, Esdras Ndikumana et compagnie.

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Elections en Afrique : il y a deux cas

Quand un certain chef d’État du continent voit poindre la date des échéances électorales, il y a toujours deux cas*: soit la Constitution autorise de briguer un nombre illimité de mandats consécutifs soit elle fixe le nombre de mandats à deux.

Son excellence Paul Biya, président à vie du Cameroun Crédit phot: wikipédia.org
Paul Biya, président à vie du Cameroun
Crédit phot: wikipédia.org

Dans l’hypothèse de mandats illimités, le chef d’État est sauvé. La seconde hypothèse donne lieu à deux cas : ou bien le président sortant vient de terminer son premier bail ou bien il en est à son deuxième.
S’il lui reste un autre bail ce qu’il est sauvé. S’il ne lui en reste pas, deux cas s’offrent à lui : soit il peut modifier la Constitution soit il ne peut pas.

La loi fondamentale autorise-t-elle à passer outre la limitation des mandats ? Donc il est sauvé. Sinon il y a deux cas: ou il modifie quand même cette fichue Constitution en invoquant la crainte d’un naufrage du navire qu’il pilote. Ou alors il décide de jouer la montre.

Son excellence Dénis Sassou Nguessou du Congo-Brazza pense que sa constitution est lavable et biodégradable. Crédit photo: wikimédias.org
Denis Sassou Nguessou du Congo-Brazza pense que sa constitution est lavable et biodégradable.
Crédit photo: wikimédias.org

Vient-il de s’autoriser un coup d’État constitutionnel ? Croyez-moi il est sauvé. Si jamais il est trop malin pour malin pour emprunter cette voie, on a deux cas : ou il convoque un référendum pour s’octroyer un surbail dans le but d’achever ses nombreux chantiers. Ou il envoie ses affidés dire à la cour constitutionnel qu’il n’y a pas d’argent pour convoquer le corps électoral.

Comme on peut s’en douter, le surbail est une bouée de sauvetage sans pareil. Mais l’invocation du manque d’argent pour refuser l’organisation du scrutin entraîne deux cas: soit le chef d’État convoque un dialogue soit il suspend la Constitution et décrète la loi martiale.

Son excellence Joseph Kabila du Congo-Kinshasa trouve que le dialogue a une saveur particulière.
Joseph Kabila du Congo-Kinshasa trouve que le dialogue a une saveur particulière. Crédit photo: wikipédia.com

 

Le dialogue permettant au locataire du palais présidentiel de faire adopter l’idée d’un gouvernement de transition, le trône est sauvé. Mais la suspension de la loi fondamentale ouvre la voie à deux éventualités: la première est celle d’une décision de l’armée de se ranger derrière son commandant en chef. La seconde est celle du refus de l’armée d’appliquer cette politique du pire.

Nul doute qu’il vaut mieux avoir l’armée avec soi en pareille circonstance car il en va de la pérennité du régime. Son refus engendre un coup d’État. Ce qui nous donne deux cas : soit la France envoie un hélicoptère exfiltrer son boy scout, soit elle ne fait rien.

Bien sûr quand on réussit à se faire exfiltrer on est sauvé. Sinon on a droit à la prison ou à une place de choix au cimetière.

(*) : Inspiré d’un spectacle de l’humoriste ivoirien Agalawal