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Vouloir le beurre et l'argent d'Uber

Ou comment le conflit entre les chauffeurs de taxi et la start-up américaine illustre notre incapacité à accueillir le changement et l’innovation.

Lancée comme un pavé dans la marre, la start-up américaine Uber est en passe de révolutionner notre rapport au transport des passagers. On ne compte plus les métropoles qui ont été conquises par cette ambassadrice de la Silicon Valley. Même des villes africaines telle que Lagos et Nairobi l’ont accueillie.
Ce, au grand dam des professionnels concernés. Il n’y a qu’à considérer la grogne des taxis parisiens pour mesurer l’ampleur du chamboulement induit par l’arrivée d’Uber contre qui est portée l’accusation de concurrence déloyale.

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Révélateur d’une économie de partage en plein boom

À l’heure de l’économie du partage, je me demande s’il est raisonnable de blâmer cette entreprise. Ma collègue mondoblogueuse Lucrèce Gandigbe conviendrait avec moi que plus d’un corps des métiers a vu l’émergence de nouveaux acteurs depuis qu’internet s’est démocratisé. La profession de journaliste n’a plus le monopole du traitement et de la diffusion de l’information à cause du blog et des réseaux sociaux. La profession de banquier est aujourd’hui concurrencée par les acteurs du crowdfunding. Alors que les librairies en ligne menacent de faire disparaître les librairies traditionnelles.

Quel accueil réserver aux innovations ?

À mon humble avis la solution n’est pas le bannissement pur et simple d’Uber. Nos amis conducteurs des taxis doivent penser au plus vite à se remettre en question. On voit comment les journalistes essaient sans cesse de redéfinir leur mission face au déluge de l’information imputable au Web 2.0. Et ils ne s’en porte pas plus mal.

Nos sociétés doivent également s’interroger sur l’accueil qu’elles réservent à tel ou tel autre type d’innovation. Nous devons cesser de jouer le rôle des consommateurs passifs de ces technologies, incapables d’en cerner les tenants et les aboutissants. Notre choix d’y recourir ou pas doit être responsable. La question n’est pas un uniquement de savoir si le métier de taxi va disparaître à plus ou moins brève échéance. Il faut aussi se demander si notre mode de vie ne s’en trouvera pas bouleverser outre mesure.

Nos sociétés ne doivent pas être amenés à vouloir « le beurre et l’argent d’Uber ». Autrement dit nous n’avons pas intérêt à désirer à la fois la préservation d’une certaines formes d’organisation sociétale et les bénéfices des toutes les innovations technologiques.

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gaylussac

Commentaires

richard
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La réponse du gouvernement français sur ce point est une attaque en règle contre une certaine vision du néolibéralisme : l'esclavage est interdit mais en tant qu'individu tu as le droit de te vendre pour un franc six sous. Ce n'est pas envisageable dans une société qui prône la fraternité et la solidarité. Comment le fruit de tes efforts participent ils à la société? TVA, Charges sociales, Charges patronales, Impôt, etc... L'uberisation est plus à craindre que le fruit positif d'une innovation technologique. Les taxis clandestins existent depuis longtemps, avoir l'application uber les rend accessible à tous. Bientôt un uber de la défonce ? un uber du sexe ? quid des google glass : moi je dis super mais la société a dit non. La réponse à ces brigands-voleurs d'uber est "NON"

Guy Muyembe
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Le débat est loin d'être clos.D'autant plus que les patrons d'Uber-France sont mis en examen et vont devoir être jugé devant le tribunal correctionnel.